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Évidences basées sur la recherche pour la consultation du gouvernement britannique pour une stratégie de 2021 pour la santé des femmes.

29th June 2021

En juin 2021, le ministère britannique de la santé et des soins sociaux a lancé un appel à contributions pour alimenter la stratégie du gouvernement britannique en matière de santé des femmes en Angleterre, afin de “faire entendre la voix des femmes et de les placer au centre de leurs propres soins”. La consultation était composée de deux parties : une enquête ouverte à toutes les femmes de plus de 16 ans, et un appel aux chercheurs/es et aux organisations du tiers secteur pour qu’elles produisent des preuves écrites sur la santé des femmes.

Sur la base de notre projet de recherche sur les obstacles à l’avortement et les déplacements pour accéder à l’avortement, nous avons produit un document dans lequel nous énumérons les implications politiques des résultats de notre recherche et formulons des recommandations sur la manière d’assurer l’accès à l’avortement à toutes les personnes enceintes qui le demande.

Nous nous sommes concentrés sur les résultats de la recherche qui correspondaient le mieux au contexte britannique actuel, pourtant les implications pour les politiques de santé que nous identifions et les recommandations que nous formulons sont valables pour tous les pays inclus dans le projet de recherche BAR2LEGAB, en particulier pour les pays de résidence des personnes qui voyageant à l’étranger ou qui se déplacent d’une région à l’autre pour obtenir des soins liés à l’avortement.

Il est important que tous et toutes les décideurs/es et opératrices et operateurs de santé responsables de la santé des personnes enceintes reconnaissent ce qui suit :

  1. Toutes femmes et personnes enceintes ont besoin d’informations en ligne claires et evidence-based, dans leur langue sur l’avortement sans risque..
  2. Les limites d’âge gestationnel pour accéder à l’avortement constituent un obstacle à la santé reproductive des femmes et personnes enceintes. La suppression des limites d’âge gestationnel n’augmente pas le nombre d’avortements, mais diminue les risques sanitaires liés à l’avortement illégal ou à une grossesse non désirée.
  1. Les femmes et personnes enceintes doivent parfois se déplacer pour interrompre leur grossesse, faute de services adéquats sur place. Les déplacements liés à l’avortement constituent un fardeau économique, social et mental pour les personnes enceintes. Les déplacements liés à l’avortement peuvent retarder les soins, augmentant ainsi les risques pour la santé des femmes et personnes enceintes.
  1. Les femmes et personnes enceintes ont une meilleure expérience de l’avortement, si elles peuvent choisir la méthode d’interruption de la grossesse parmi les méthodes les plus récentes et moins risquées disponibles. Sinon, elles peuvent décider de se déplacer pour obtenir la méthode avec laquelle elles se sentent plus à l’aise.

 

N’hésitez pas à télécharger notre document pour en savoir plus sur nos conclusions et nos recommandations politiques:

Zanini et al. Written evidence consultation UKGov on women health June2021 (Version Anglaise)

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Nickname: Anne-Sophie

Country: France 

Language: Français 

Story: Je suis française et j’ai vécu un avortement en Espagne en 2018.

J’ai découvert mon état trop tard pour pouvoir avorter en France (3 mois environ), je n’ai donc pas eu le choix. J’avais 27 ans et je n’avais ni envisagé ni envie d’avoir un enfant. J’étais avec mon ami depuis 6 mois environ, et malgré ma bonne santé et ma situation professionnelle stable, ce n’était pas une envie/volonté.

Cela a été un choc pour moi, car je ne voulais absolument pas avoir un enfant. La question ne se posait pas, je n’ai jamais hésité. Cela a été un moment très dur à vivre psychologiquement.

J’ai sûrement oublié la pilule une ou plusieurs fois. Seulement, je n’ai pas fait attention à mes règles, et j’ai laissé le temps passer sans y passer (je passais un concours, j’avais autre chose en tête).

J’ai tout de suite compris que le délai légal était passé en France, j’ai cru quelques minutes que je n’avais pas d’issue devant moi et que ma vie s’effondrait totalement (Comment vivre ainsi? Comment supporter le regard des autres?).

J’ai eu la chance d’être bien accompagnée par mon médecin traitant, qui a fait le nécessaire pour que j’ai rdv chez un gynéco pour une première écho 2 jours après la prise de sang.

Cette gynéco n’a pas compris mon état. Vu le délai, cela paraissait peut-être évident pour elle que je le garde. Elle n’a pas dit grand chose mais m’a renvoyé vers une psychologue. J’ai néanmoins dû supporter une écho “normale” avec l’écoute du cœur etc. En y repensant, c’est incroyable d’avoir supporté ça dans mon état, mais à ce moment-là, ma tête était ailleurs, j’y ai à peine prêté attention. Mon ami m’a avoué plus tard que cela a été assez dur à vivre pour lui.

L’espoir est revenu quand, après quelques recherches sur internet, j’ai appris que l’on pouvait avorter à ce stade dans d’autres pays d’Europe (Angleterre, Pays-Bas, Espagne). Peu d’information disponible à ce moment-là, alors j’ai contacté le Planning Familial proche de chez moi. Ils m’ont donné un rdv physique pour des raisons de confidentialité. Ils m’ont donné l’adresse en Espagne et toutes les informations nécessaires. Je ne les remercierai jamais assez.

Le lendemain, j’appelais le centre IVG (clinique privée) pour prendre rdv pour la semaine suivante.

Entre temps, j’ai réalisé tous les examens nécessaires en France (analyses de sang, carte sanguine, test trisomie). La gynéco m’a rappelé pour me donner le résultat du test trisomie, et elle a été choqué d’entendre que j’allais avorté à l’étranger.

J’ai donc bénéficié d’un arrêt maladie de mon médecin, et on est parti 2 jours à Gérone en Espagne avec mon amis. Financièrement, il a fallu compter le trajet, l’hôtel, l’opération (presque 1 000€ à régler sur place). Mes parents n’ont pas jugé mon choix et m’ont aidé financièrement. J’avais les moyens, et de toute façon j’aurai tout fait pour y arriver.

L’ambiance sur place était étrange, la salle d’attente était petite, il n’y avait que des françaises, ambiance assez détendue. Inscription à l’accueil, passage chez le psychologue (assez inutile je trouve), échographie et bilan santé, retour à la salle d’attente. Ensuite on a chacune été installées à un emplacement avec un lit (cela m’a choqué sur le moment mais il paraît que c’est pareil en France en ambulatoire). Chacune attendait son tour, un peu à la chaîne. J’avais beau savoir ce qui allait se passer, ce n’est jamais pareil quand on y est.

Le réveil fut pour moi difficile, avec une énorme douleur au bas-ventre, mais on m’a de suite administré un antidouleur en perfusion. J’ai mis du temps à me réveiller et à retrouver mes forces, et j’ai ensuite dû attendre sur une chaise car il fallait libérer les lits et les infirmières terminaient leur journée. Au bout d’une heure peut-être, ça allait mieux, et on a pu repartir avec mon ami. Je sentais bien que je dérangeais un peu, mais les infirmières et dames de l’accueil ont tout de même été très gentilles avec moi, et ont vérifié que j’allais mieux pour me laisser repartir.

En rentrant à l’hôtel, je me suis dit : ça y est, c’est fait! J’étais soulagée, on est allés se promener. Le soir en me couchant, je me suis dit : c’est fait, c’est fini, c’est terminé ! J’ai eu de grosses pertes de sang pendant quelques jours mais pas de douleurs.

Par contre, je ne m’attendais pas à ce que la suite soit difficile. J’avais pris rdv chez ma gynéco afin de contrôler l’opération (1 ou 2 semaine après) mais il y avait des restes. Elle m’a donc donné un cachet (j’ai supposé après que c’était le cachet de l’avortement médicamenteux). J’ai eu très mal, c’était dur à supporter. Nouveau rdv chez la gynéco une semaine après, toujours des restes. Nouvelle prise d’un cachet, et cette fois j’ai dû attendre 2 semaines avant de revoir la gynéco. Cette période a été très difficile, car j’étais toujours “en attente” et je ne pouvais pas reprendre ma vie sexuelle avec mon ami. Je me rappelle avoir voulu essayer un soir, pour me dire que je pouvais reprendre une vie normale, et je n’ai pas réussi et j’ai pleuré.

Il a fallu attendre encore quelques semaines, de nouveaux rdv chez le gynéco, mais tout a fini par rentrer dans l’ordre.

C’est une drôle d’expérience et ce n’est pas qqch de joyeux ou de banal comme on pourrait l’entendre. Pour certaines c’est un choix inévitable, pour diverses raisons, et heureusement que l’on peut encore avoir des opportunités comme certains pays le permettent.

 

Aceptance: 

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    Europe Abortion Access Project Euroe Research Council Universitad de Barcelona

    This project has received funding from the European Reseach Council (ERC) under the European Union's Horizon 2020 research and innovation programme BAR2LEGAB-680004