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L’impact de l’interdiction de l’avortement en Pologne sur les femmes et les personnes enceintes qui cherchent à se faire avorter : Abortion sans frontières a aidé plus de 34 000 personnes en Pologne à accéder à l’avortement depuis janvier 2021.

14th December 2021

Depuis que la Cour constitutionnelle polonaise a décidé que la disposition prévoyant l’avortement en cas de malformation du fœtus était inconstitutionnelle, des milliers de femmes enceintes polonaises ont été contraintes de demander le soutien d’organisations nationales et internationales pour obtenir des soins d’avortement par télémédecine ou dans des cliniques à l’étranger. Au cours des 12 derniers mois, les groupes d’Avortement sans frontières ont aidé 34 000 Polonaises à accéder à l’avortement, et 1080 d’entre elles ont obtenu un avortement dans une clinique étrangère au cours du deuxième trimestre :

https://www.asn.org.uk/abortion-without-borders-helps-more-than-34000-people-in-poland-access-abortions/

Comme le montre notre étude, les femmes et les personnes enceintes traversent le pays pour se faire soigner, même dans les pays où l’avortement est légal pour de larges raisons au cours du premier trimestre. Voyager à l’étranger implique de sérieux défis et charges pour elles, approfondissant les inégalités sociales et de genre existantes, et le soutien des organisations nationales et internationales soutenant le droit à l’avortement est crucial.

Voir nos publications dans la section “Études et résultats – Nos résultats“.

 

 

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Nickname: Anne-Sophie

Country: France 

Language: Français 

Story: Je suis française et j’ai vécu un avortement en Espagne en 2018.

J’ai découvert mon état trop tard pour pouvoir avorter en France (3 mois environ), je n’ai donc pas eu le choix. J’avais 27 ans et je n’avais ni envisagé ni envie d’avoir un enfant. J’étais avec mon ami depuis 6 mois environ, et malgré ma bonne santé et ma situation professionnelle stable, ce n’était pas une envie/volonté.

Cela a été un choc pour moi, car je ne voulais absolument pas avoir un enfant. La question ne se posait pas, je n’ai jamais hésité. Cela a été un moment très dur à vivre psychologiquement.

J’ai sûrement oublié la pilule une ou plusieurs fois. Seulement, je n’ai pas fait attention à mes règles, et j’ai laissé le temps passer sans y passer (je passais un concours, j’avais autre chose en tête).

J’ai tout de suite compris que le délai légal était passé en France, j’ai cru quelques minutes que je n’avais pas d’issue devant moi et que ma vie s’effondrait totalement (Comment vivre ainsi? Comment supporter le regard des autres?).

J’ai eu la chance d’être bien accompagnée par mon médecin traitant, qui a fait le nécessaire pour que j’ai rdv chez un gynéco pour une première écho 2 jours après la prise de sang.

Cette gynéco n’a pas compris mon état. Vu le délai, cela paraissait peut-être évident pour elle que je le garde. Elle n’a pas dit grand chose mais m’a renvoyé vers une psychologue. J’ai néanmoins dû supporter une écho “normale” avec l’écoute du cœur etc. En y repensant, c’est incroyable d’avoir supporté ça dans mon état, mais à ce moment-là, ma tête était ailleurs, j’y ai à peine prêté attention. Mon ami m’a avoué plus tard que cela a été assez dur à vivre pour lui.

L’espoir est revenu quand, après quelques recherches sur internet, j’ai appris que l’on pouvait avorter à ce stade dans d’autres pays d’Europe (Angleterre, Pays-Bas, Espagne). Peu d’information disponible à ce moment-là, alors j’ai contacté le Planning Familial proche de chez moi. Ils m’ont donné un rdv physique pour des raisons de confidentialité. Ils m’ont donné l’adresse en Espagne et toutes les informations nécessaires. Je ne les remercierai jamais assez.

Le lendemain, j’appelais le centre IVG (clinique privée) pour prendre rdv pour la semaine suivante.

Entre temps, j’ai réalisé tous les examens nécessaires en France (analyses de sang, carte sanguine, test trisomie). La gynéco m’a rappelé pour me donner le résultat du test trisomie, et elle a été choqué d’entendre que j’allais avorté à l’étranger.

J’ai donc bénéficié d’un arrêt maladie de mon médecin, et on est parti 2 jours à Gérone en Espagne avec mon amis. Financièrement, il a fallu compter le trajet, l’hôtel, l’opération (presque 1 000€ à régler sur place). Mes parents n’ont pas jugé mon choix et m’ont aidé financièrement. J’avais les moyens, et de toute façon j’aurai tout fait pour y arriver.

L’ambiance sur place était étrange, la salle d’attente était petite, il n’y avait que des françaises, ambiance assez détendue. Inscription à l’accueil, passage chez le psychologue (assez inutile je trouve), échographie et bilan santé, retour à la salle d’attente. Ensuite on a chacune été installées à un emplacement avec un lit (cela m’a choqué sur le moment mais il paraît que c’est pareil en France en ambulatoire). Chacune attendait son tour, un peu à la chaîne. J’avais beau savoir ce qui allait se passer, ce n’est jamais pareil quand on y est.

Le réveil fut pour moi difficile, avec une énorme douleur au bas-ventre, mais on m’a de suite administré un antidouleur en perfusion. J’ai mis du temps à me réveiller et à retrouver mes forces, et j’ai ensuite dû attendre sur une chaise car il fallait libérer les lits et les infirmières terminaient leur journée. Au bout d’une heure peut-être, ça allait mieux, et on a pu repartir avec mon ami. Je sentais bien que je dérangeais un peu, mais les infirmières et dames de l’accueil ont tout de même été très gentilles avec moi, et ont vérifié que j’allais mieux pour me laisser repartir.

En rentrant à l’hôtel, je me suis dit : ça y est, c’est fait! J’étais soulagée, on est allés se promener. Le soir en me couchant, je me suis dit : c’est fait, c’est fini, c’est terminé ! J’ai eu de grosses pertes de sang pendant quelques jours mais pas de douleurs.

Par contre, je ne m’attendais pas à ce que la suite soit difficile. J’avais pris rdv chez ma gynéco afin de contrôler l’opération (1 ou 2 semaine après) mais il y avait des restes. Elle m’a donc donné un cachet (j’ai supposé après que c’était le cachet de l’avortement médicamenteux). J’ai eu très mal, c’était dur à supporter. Nouveau rdv chez la gynéco une semaine après, toujours des restes. Nouvelle prise d’un cachet, et cette fois j’ai dû attendre 2 semaines avant de revoir la gynéco. Cette période a été très difficile, car j’étais toujours “en attente” et je ne pouvais pas reprendre ma vie sexuelle avec mon ami. Je me rappelle avoir voulu essayer un soir, pour me dire que je pouvais reprendre une vie normale, et je n’ai pas réussi et j’ai pleuré.

Il a fallu attendre encore quelques semaines, de nouveaux rdv chez le gynéco, mais tout a fini par rentrer dans l’ordre.

C’est une drôle d’expérience et ce n’est pas qqch de joyeux ou de banal comme on pourrait l’entendre. Pour certaines c’est un choix inévitable, pour diverses raisons, et heureusement que l’on peut encore avoir des opportunités comme certains pays le permettent.

 

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    Europe Abortion Access Project Euroe Research Council Universitad de Barcelona

    This project has received funding from the European Reseach Council (ERC) under the European Union's Horizon 2020 research and innovation programme BAR2LEGAB-680004